La paix est un bien précieux dont rêve tout peuple. Les Congolais, qui ont vécu et subi des guerres à répétition avec tout le cortège de casses matérielles et humaines qu’elles ont engendrées, aspirent, ardemment, à la paix et on ne peut que les comprendre et partager leur rêve d’une paix véritable et durable. Les démocrates et les patriotes sincères ne peuvent qu’épouser cette cause et la défendre de toutes leurs forces, parce que, sans paix, rien n’est possible.
L’histoire du Congo de ces cinquante dernières années est pavée de sang et ce sang, le peuple souhaite qu’il soit, définitivement, lavé, pour qu’il n’en soit plus jamais ainsi.
Mathias Ndzon |
Aujourd’hui, le pouvoir fait un grand battage médiatique sur la problématique de la paix. Télé-Congo, Radio-Congo, pourtant médias publics, mais confisqués par le R.m.p, bruissent, à longueur de journée, de la paix. Les jeunes et les femmes des associations affiliées au pouvoir s’en font l’écho à gorges déployées. Tous les discours ne manquent pas de référence à la paix, ce qui aurait été une bonne chose, si cela ne relevait pas de la duperie la plus honteuse, car, c’est le pouvoir et personne d’autre qui menace la paix au Congo.
En effet, de mémoire de Congolais, notre pays n’a jamais accumulé autant d’armes de guerre que maintenant. Par conteneurs entiers, d’importantes quantités d’armes de guerre sophistiquées, en provenance de la Chine, de la République Tchèque, de Singapour, sont transportées du port de Pointe-Noire, en direction d’Oyo et de Tsambitso. Parallèlement à l’achat massif des armes de guerre, le pouvoir entretient des milices privées à Brazzaville (Front 400), à Kintélé, à Lifoula et à Tsambitso.
Par ailleurs, des recrutements irréguliers et massifs de jeunes des villages autour d’Oyo et des mercenaires sont opérés à l’insu du haut-commandement militaire. La milice de Tsambitso compte plusieurs milliers de miliciens entraînés par des mercenaires blancs. A ces miliciens, s’ajoutent des restes de l’Unita, des Forces armées zaïroises (F.a.z), de la D.s.p du défunt maréchal Mubutu, des éléments armés du Mouvement de la libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, etc.
Alors que le peuple congolais assiste, terrifié, à la construction de cette machine de guerre, les thuriféraires du pouvoir s’ingénient à vouloir divertir l’opinion nationale et l’opinion internationale, par l’organisation de manifestations trompe-l’œil: conférence sur la paix des enfants, conférence organisée par l’Initiative nationale pour la paix (I.n.p), marche pour la paix, organisée sous le couvert de la journée de la femme par l’épouse du chef de l’Etat, qui bat, ouvertement, campagne, en lieu et place de son époux et ce, alors que la campagne électorale n’est pas ouverte.
La paix est, aujourd’hui, le maître-mot de la propagande du pouvoir. Dans ce contexte, le président de la République est présenté comme l’apôtre de la paix et l’opposition comme des troublions. Il se pose, dès lors, la question de savoir qui menace la paix au Congo? Les fossoyeurs de la paix sont-ils ceux qui achètent, massivement, des armes de guerre, recrutent à la pelle des mercenaires, entretiennent des miliciens, montent des complots contre l’opposition ou, au contraire, les patriotes et les démocrates congolais qui n’ont ni milices privées, ni mercenaires, mais qui appellent, de leurs vœux, pacifiquement, l’avènement d’une démocratie véritable au Congo? Qui menace la paix? Ceux qui refusent tout dialogue avec l’opposition sur la préparation de l’élection présidentielle de 2009, organisent, de façon unilatérale, la révision des listes électorales et cherchent à passer en force, ou, au contraire, ceux qui, dans un élan de sagesse, recherchent le consensus par des propositions constructives sur la maîtrise du corps électoral, par un recensement administratif organisé d’accord parties, la mise en place d’un organe indépendant chargé des opérations électorales jusqu’à la proclamation des résultats, l’élaboration d’une nouvelle loi électorale?
Qui menace la paix? Ceux qui organisent le désordre dans le pays par l’entretien des bandes armées chargées de terroriser les militants et sympathisants des autres partis, le saccage et la destruction des installations des adversaires politiques ou, au contraire, ceux qui, patiemment, s’organisent pour faire la politique autrement, en vue de promouvoir une démocratie vraie et un jeu politique qui respecte l’adversaire et accepte la différence? Qui menace la paix? Ceux qui affament et déciment le peuple, en refusant, délibérément, de prendre réellement en charge les nombreux problèmes sociaux qui l’accablent, au quotidien, alors que le pays dispose d’énormes moyens pour soulager la peine des populations, ou, au contraire, ceux qui cherchent à mettre toute leur énergie, toute leur intelligence au service du peuple, pour trouver et proposer des solutions idoines et concrètes à ses souffrances?
L’argent du pétrole et les excédents budgétaires qu’on distrait allègrement et dissimule, ici et là, auraient pu servir à soulager les souffrances du peuple. Mais, non! On s’en sert pour acheter des armes, monter des milices et des stratagèmes pour éliminer, politiquement et physiquement, des patriotes et démocrates qui réclament, avec le peuple, une alternance politique apaisée et démocratique.
Le peuple congolais veut la paix véritable. Arrêtons de nous moquer de lui par des déclarations, réunions et marches sur la paix, en même temps que l’on met tout en œuvre pour troubler la paix.
Les patriotes et démocrates congolais veulent la paix. Cessons de les présenter comme des va-t-en-guerre.
Le Front des partis de l’opposition veut la paix. Il le prouve, chaque jour, par son attitude responsable et ses propositions constructives en faveur de la paix. Au lieu de divertir l’opinion par des discours décalés sur la paix, le pouvoir doit donner la preuve qu’il est pour la paix, en acceptant de s’asseoir avec l’opposition, la vraie, en vue de construire les conditions d’organisation d’une élection présidentielle libre, transparente, équitable et crédible, en juillet 2009.
Mathias DZON
(Extrait d'article de la Semaine africaine du 19 juin 2009)
(par Dr LOUBELO membre de bureau du Codicord)